Cadrer un projet web, ça a l’air simple. Une idée, un MVP, une équipe motivée. Et souvent… un brief flou, des users mal définis, un périmètre mouvant.
Chez Yield, on accompagne des dizaines de produits web chaque année. Et on le voit trop souvent : le projet part — les devs sprintent — et au sprint 3, on découvre que le “problème client” n’était pas si clair.
Dans ces cas-là, on revient toujours à la même base : le Lean Canvas. Un cadrage (vraiment) utile, pour poser les bonnes questions — avant d’écrire une ligne de code.
👉 Ce qu’on cherche à faire avec un Lean Canvas chez Yield :
- Aligner produit, tech et enjeux business dès la phase 0 ;
- Identifier les angles morts (utilisateur flou, problème imaginaire, canal vide) ;
- Clarifier ce qui est vraiment testable dans une V1.
Ce guide, c’est notre méthode terrain : bloc par bloc, avec exemples, retours d’expérience et erreurs à éviter. Pour que votre projet parte vite — mais surtout, qu’il parte bien.
Pourquoi utiliser un Lean Canvas pour cadrer un projet tech
Le Lean Canvas, c’est pas juste un template. C’est un outil de cadrage rapide — mais structurant — pour éviter les faux départs.
Dans un projet tech, le danger n’est pas seulement de coder trop lentement. C’est de coder vite… dans la mauvaise direction.
Et ça arrive plus souvent qu’on croit :
- Une “bonne idée” qui ne résout aucun problème concret ;
- Un MVP qui coche toutes les cases, sauf celles du terrain ;
- Une équipe qui s’active, sans cap clair à 3 mois.
👉 Ce qu’on aime dans le Lean Canvas, c’est sa contrainte. Une seule page. 9 blocs. Pas d’espace pour la langue de bois.
Et surtout : une logique produit > problème > usage. Pas une suite de features fantasmées, mais un enchaînement de questions simples, qui obligent à clarifier :
- Quel est le vrai problème qu’on cherche à résoudre ?
- Pour qui, concrètement ?
- Quelle est la solution minimale qui permet de le tester ?
- Comment saura-t-on que ça marche (ou pas) ?
- Et surtout : est-ce que ce produit a une chance d’exister… au-delà du dev ?
💡 En cadrage, un Lean Canvas bien utilisé évite trois mois d’aller-retours flous.
C’est un filtre pour vérifier que le projet mérite d’aller en spec, pas juste en design.
1. Problème — Cadrer ce qu’on résout (et pour de vrai)
Objectif : identifier un problème réel, douloureux, observable. Pas un ressenti flou. C’est LE bloc clé. Celui qui conditionne tout le reste.
Ce qu’on cherche à poser ici :
- Les irritants terrain : concrets, formulés comme des faits (“perte de temps”, “erreur fréquente”, “process non suivi”)
- Le niveau d’intensité : est-ce que c’est une friction… ou un vrai pain ?
- Les alternatives actuelles : Excel, mails, outil bricolé — ou rien
Retour d’XP – mal cadré, tout vacille
“Sur une plateforme de gestion de formations internes, le client voulait tout reconstruire.
Mais les entretiens terrain ont révélé que 90 % des irritants venaient du process d’inscription, pas de l’outil lui-même.
En ciblant ce point, la V1 a été livrée 3x plus vite, avec un impact concret dès la première semaine.”
— Juliette, Product Manager @ Yield
👉 Ce qu’on pose chez Yield : 3 problèmes max, formulés en langage utilisateur, pas en jargon produit.
2. Segment client — À qui on s’adresse, précisément
Objectif : cibler un persona clair, dans une situation précise.
Pas “les RH”. Pas “les utilisateurs internes”.
Mais “le Responsable RH multisite qui doit gérer 300 salariés, sans outil unifié”.
Plus le segment est précis, plus la V1 est utile. On peut élargir plus tard. Là, on vise l’impact rapide.
Tips :
- Formulez avec un rôle + contexte + contrainte.
- Priorisez un seul segment principal pour démarrer.
3. Proposition de valeur — La promesse qu’on fait (et à qui)
Objectif : résumer en une phrase claire ce que le produit change dans la vie du segment cible.
Pas un slogan marketing. Pas un “outil innovant de…” Mais une phrase testable du type : “Un dashboard en temps réel pour visualiser les absents par équipe, sans ouvrir 3 fichiers Excel.”
Chez Yield, on la teste souvent à l’oral avec le client : “Si vous deviez pitcher ce produit en 30 secondes à un investisseur (ou votre boss), vous diriez quoi ?”
4. Solution — Ce qu’on va construire pour démarrer
Objectif : décrire la solution minimale utile (votre future V1).
Ce n’est pas un listing de features. C’est un slicing vertical :
- Quelles fonctionnalités pour adresser le problème le plus critique ?
- Qu’est-ce qui est testable, livrable, mesurable ?
Exemple :
❌ “On va faire une appli mobile RH complète.”
✅ “Un formulaire web accessible mobile, qui permet aux managers de valider les congés sans erreur.”
5. Canaux — Comment on va toucher les utilisateurs
Objectif : poser les points de contact concrets avec vos utilisateurs.
- Pour un outil interne : quels relais terrain ? quels rituels ?
- Pour un SaaS : acquisition ? onboarding ? support ?
Ce qu’on creuse chez Yield : “Ce produit, qui le découvre ? Qui l’utilise ? Qui le relance si ça décroche ?”
Si vous ne savez pas comment on y accède → ce n’est pas prêt.
6. Revenus & 7. Coûts — Poser le cadre, même sommaire
Objectif : comprendre le modèle économique et les contraintes de delivery.
Même pour un outil interne, on pose ces questions :
- Côté revenu : gain attendu, budget, ROI métier ;
- Côté coût : dev, run, maintenance, support.
On a vu des MVP lancés… puis arrêtés au bout de 6 mois, faute de budget pour l’évolutif.
Ce bloc, c’est aussi ce qui permet d’éviter les projets “à vide” — jolis, mais jamais utilisés.
8. KPI / Metrics — Ce qu’on va suivre pour savoir si ça marche
Objectif : définir une North Star Metric claire (et quelques KPIs secondaires)
Pas besoin de tout mesurer. Mais il faut un objectif observable, que l’équipe peut viser.
Exemples :
- “Réduire de 30 % le temps de validation RH”
- “Diviser par deux les sollicitations support par email”
- “Taux de complétion du parcours en moins de 2 minutes”
👉 Ce KPI sert à trancher en dev (“Est-ce que cette feature sert notre objectif ou pas ?”)
9. Avantage concurrentiel — Ce qui fera que ça tient dans le temps
Objectif : poser ce qui rend votre produit plus difficile à copier qu’il n’y paraît.
Ce n’est pas toujours technologique. Parfois, c’est :
- la maîtrise du terrain ;
- l’intégration dans les rituels métier ;
- le lien avec d’autres outils internes ;
- un modèle économique plus tenable.
Un bon produit n’a pas besoin d’être unique. Mais il doit être difficile à remplacer sans douleur.
Comment bien l’utiliser — en équipe ou avec un client
Un Lean Canvas, ce n’est pas un exercice solo. C’est un outil de discussion. Bien rempli, il aligne tout le monde sur les bons sujets, dès le départ.
👉 En atelier d’équipe, on le remplit à 3 ou 4 profils complémentaires : fondateur, PM, lead dev, parfois marketing ou ops. L’objectif : faire émerger les angles morts, cadrer une V1 utile, clarifier les vrais enjeux.
👉 En support de brief, c’est un outil structurant. Avant une spec, une maquette, une user story, poser un Lean Canvas évite de partir trop vite sur les solutions.
👉 En arbitrage de backlog, il aide à trancher : si une feature ne répond à aucun problème du Canvas ou ne sert pas la North Star, on la sort. C’est un filtre simple, mais redoutablement efficace.
👉 En version vivante, il reste utile bien après la V1. Chez Yield, on recommande de le revoir tous les 2 à 3 mois : ce qui était une hypothèse au départ peut devenir un acquis, ou un biais.
Retour d’XP — Un Lean Canvas qui évite de foncer dans le mur
“6 mois après le lancement, le client revient avec une demande : intégrer un CRM tiers “le plus vite possible”. Sur le moment, ça semble légitime. Mais on ressort le Lean Canvas : ce segment, c’était 3 % des utilisateurs, aucun vrai irritant côté terrain.
On en discute à froid — et le client lui-même reconnaît que c’est une fausse urgence. On évite 3 semaines de dev, et on garde le focus sur ce qui fait vraiment bouger l’usage.”
— Clara, Product Strategist @Yield Studio
Conclusion — Un Lean Canvas bien posé, c’est un projet qui avance droit
Poser un Lean Canvas, c’est prendre un vrai moment d’alignement — produit, tech, métier — pour poser les bases d’un projet qui tient.
Et ce temps-là, il est largement rentable : mieux vaut 2 heures de cadrage maintenant que 3 semaines de dev à refaire plus tard.
👉 Ce qu’on retient chez Yield :
- Un bon Lean Canvas part du terrain, pas des slides.
- Il se remplit à plusieurs — jamais en solo dans un coin.
- Il sert à cadrer, arbitrer, recadrer. Pas à décorer une spec.
- Et surtout : il vit avec le produit. Ce n’est pas figé.
Besoin de challenger une idée, cadrer une V1, ou juste vérifier qu’un projet tient la route avant de l’embarquer en dev ? On fait ça tous les jours. Parlons-en.