Vous ouvrez Jira. Une colonne “Epics”. Et dedans : un peu tout. Des noms flous, des tickets oubliés, des specs jamais découpées. Résultat : impossible de s’y retrouver, et la roadmap ressemble plus à une pile de post-its qu’à une vision produit.
C’est le piège classique : prendre un Epic pour ce qu’il n’est pas — un “gros ticket”, une feature à rallonge, ou un dossier à valider d’un bloc.
En réalité, un Epic bien posé, c’est un levier puissant. Pour aligner une équipe, structurer la valeur, découper intelligemment. Pas un conteneur flou, mais une brique stratégique.
Chez Yield, on l’utilise pour rythmer les roadmaps, cadrer les MVP, prioriser ce qui compte vraiment sur des produits web. Et ce n’est pas une histoire d’outil : Trello, Notion, Jira ou Linear — peu importe. Ce qui compte, c’est la méthode.
Dans cet article, on vous aide à faire le tri :
- ce qu’est (et n’est pas) un Epic ;
- comment le structurer pour qu’il serve vraiment ;
- les anti-patterns qu’on voit encore trop souvent ;
- et notre méthode pour l’utiliser comme boussole produit — pas comme backlog poubelle.
Prêt à remettre de la clarté dans vos gros sujets ?
C’est quoi, un Epic ? (et ce que ce n’est pas)
Un Epic, ce n’est pas “un gros ticket”. Ce n’est pas une feature vague ni un nom de projet brandé. C’est une brique de valeur fonctionnelle — trop large pour tenir dans une user story, mais assez structurée pour guider un travail produit.
👉 Un Epic, c’est un objectif produit clair, découpable, priorisable. Il regroupe plusieurs stories liées par un même but : résoudre un vrai problème métier, ou apporter une avancée tangible côté utilisateur.
Ce qu’on y trouve :
- Un titre fonctionnel qui pose le “quoi” (pas un code interne) ;
- Un objectif explicite (résoudre quoi, pour qui) ;
- Des stories identifiées (et potentiellement évolutives) ;
- Un critère de complétion clair (“terminé quand…”)
Exemple :
Epic : “Refonte du tunnel de commande”Stories associées : UI panier, gestion des codes promo, ajout du paiement fractionné, affichage mobile…
Ce qu’on évite chez Yield :
- Les Epics fourre-tout (“Backlog UX” ou “Sprint 14”) ;
- Les “sous-projets” déconnectés du besoin ;
- Les regroupements artificiels pour faire joli dans Jira.
👉 Un Epic utile, c’est celui qu’on peut raconter, découper et suivre — pas juste nommer.
À quoi sert un Epic — et à quoi il ne sert pas
Un Epic n’est pas un conteneur de tickets. C’est un outil d’alignement produit.
Il sert à poser une vision claire, structurer la complexité, et suivre la valeur livrée. Pas à faire du tri dans Jira.
Ce que permet un Epic bien posé
- Découper un sujet complexe en livrables concrets : chaque story apporte une pièce du puzzle.
- Donner de la visibilité : aux devs, au produit, au client — on sait ce qu’on vise et où on en est.
- Prioriser par paquet de valeur : on livre un impact, pas une suite de tickets indépendants.
- Alimenter la roadmap : chaque Epic devient un jalon, pas un inventaire.
💡 Chez Yield, on pose les Epics dès la discovery : ça devient le squelette produit, partagé avec les équipes tech, design, et les stakeholders.
Ce qu’un Epic n’est pas
- Un “dossier fourre-tout” pour stories orphelines ;
- Une spec fermée qu’on déroule en mode tunnel ;
- Un nom dans un outil sans lien avec la stratégie produit ;
- Un mini-projet livré d’un bloc sans feedback intermédiaire.
Ce qu’on vise : un objectif produit clair, structuré, évolutif. Si votre Epic ne peut pas être pitché en une phrase à un stakeholder, c’est qu’il n’est pas prêt.
Comment rédiger un bon Epic
Un Epic mal cadré, c’est une source de flou. Un Epic bien posé, c’est une boussole pour toute l’équipe.
Ce qu’on cherche ? Un objectif produit clair, des stories reliées au même cap, et un périmètre maîtrisé.
Ce qu’on pose systématiquement chez Yield :
Un titre orienté usage
“Simplifier la gestion des factures” > “Facturation V2”
Un objectif explicite
Quel problème on résout, pour qui, et avec quel impact ?
Une liste de stories vivante
Reliées, lisibles, découpables. Chaque story apporte une brique à l’ensemble.
Un critère de complétion clair
Exemple : “Quand 90 % des clients peuvent gérer leurs factures sans support”.
Un scope MVP vs. hors scope
Ce qui est essentiel vs. ce qui peut attendre (et ne polluera pas l’Epic).
Tips pratiques pour écrire mieux
- Démarrez par la friction utilisateur ou le problème métier.
- Écrivez le titre comme une intention produit, pas un nom de projet.
- Ajoutez un KPI cible, même estimatif. Ex : taux d’usage, réduction support, délai de traitement.
- Si ça ne tient pas en une ou deux phrases claires → le périmètre est trop flou, ou trop large.
👉 Un Epic n’est pas une spec, ni une roadmap à lui seul. C’est le socle partagé à partir duquel une équipe découpe, priorise, et avance.
Exemples concrets d’Epics bien posés
Un bon Epic, ce n’est pas un “gros sujet”. C’est une intention produit claire, découpée en briques actionnables. Voici 3 exemples concrets qu’on a utilisés sur le terrain — avec le découpage typique en stories :
Epic : “Refonte onboarding client”
Objectif : Simplifier l’activation des comptes B2B pour réduire le délai moyen d’onboarding.
Stories associées :
- Nouveau parcours en 3 étapes
- Auto-remplissage via SIRET
- Emails d’activation automatisés
- Page de suivi de complétion
Epic : “Accès mobile pour les techniciens terrain”
Objectif : Permettre aux agents de consulter et mettre à jour les interventions depuis leur smartphone.
Stories associées :
- Auth mobile (SSO + OTP)
- UI mobile dédiée (listes, fiche intervention)
- Synchro offline/online
- Remontée des statuts en temps réel
Epic : “Passage au paiement récurrent”
Objectif : Migrer le modèle de paiement vers un abonnement mensuel, intégré à l’espace client.
Stories associées :
- Interface carte bancaire
- Intégration Stripe billing
- Gestion des échecs de paiement
- Relances automatiques
💡 À retenir
Un bon Epic :
- A un objectif produit clair ;
- Contient des stories découpables ;
- Est lisible par un stakeholder… sans jargon.
👉 Si l’Epic ne tient pas sur une slide lisible en 30s, c’est qu’il faut le simplifier — ou le découper.
Les anti-patterns qu’on retrouve (et comment les éviter)
Mal utilisés, les Epics deviennent une charge au lieu d’un levier. Voici les pièges qu’on croise souvent sur les projets, et comment les contourner :
❌ L’Epic “poubelle”
Tous les tickets en attente sont rattachés à un Epic flou, du type “V2 Produit” ou “Sujet client X”.
Pourquoi ça coince : aucune vision claire → impossible de prioriser ou de mesurer l’impact.
Ce qu’on fait chez Yield :
- Un Epic = un objectif produit précis, avec un périmètre défini.
- S’il y a 40 stories sans lien métier évident, on segmente.
❌ L’Epic sans fin
L’Epic est là depuis 4 mois, il grossit à chaque sprint, jamais “done”.
Pourquoi ça coince : pas de critère de complétion → ça traîne, ça décourage.
Ce qu’on pose systématiquement :
- Une définition de done claire (ex. : tel taux de complétion, tel comportement accessible)
- Des sous-epics si nécessaire : un Epic = 1 à 3 sprints max
❌ L’Epic = spec figée
Tout est “défini” dans une longue spec, validée une fois… jamais relue.
Pourquoi ça coince : rigidité → pas d’ajustement possible pendant le build.
Ce qu’on fait :
- Un Epic = cadre évolutif, pas une spec verrouillée.
- On pose un MVP clair dans l’Epic, puis on déroule le reste par incréments.
💡 À retenir
Un Epic efficace, c’est :
- Une vision produit, pas un sac à tickets ;
- Une durée limitée (quelques sprints, pas une roadmap entière) ;
- Un cadre évolutif, pas un tunnel figé.
👉 Si vous n’arrivez pas à “fermer” un Epic, c’est qu’il est mal découpé — ou mal posé dès le départ.
Le bon usage des Epics dans un cycle produit
Un Epic n’est pas qu’un conteneur. Bien utilisé, c’est un outil de pilotage : il donne du cap à l’équipe, de la lisibilité au client, et du sens aux stories. Voici comment on les intègre concrètement dans un cycle produit.
En discovery : formaliser les grands blocs
Au lieu d’un brief flou (“on doit améliorer l’onboarding”), on pose un Epic clair : Simplifier l’onboarding client — avec les premiers scénarios, les attentes côté utilisateur, les freins actuels.
Ça devient une base de travail commune — pas une roadmap floue.
En roadmap : jalonner les itérations
Une roadmap lisible n’aligne pas des “dates de livraison” — mais des objectifs produits.
1 Epic = 1 brique à fort impact = 1 jalon à suivre.
C’est ce qu’on priorise, ce qu’on découpe, ce qu’on livre.
En sprint planning : découper intelligemment
Au lieu de piocher des stories isolées, on planifie les blocs utiles. “On continue l’Epic Facturation”, “On clôt l’Epic Authentification”.
👉 Plus de contexte, moins de surprises, meilleure vélocité.
En rétro / suivi : mesurer l’avancement Epic par Epic
On ne mesure pas l’avancement par nombre de stories livrées, mais par Epic terminé.
C’est ce qui donne une vision produit. Et une lisibilité côté stakeholder.
Retour d’XP – poser les bons Epics, dès le départ
“Sur une refonte CRM, on a posé 6 Epics métiers clairs (contacts, offres, relances…). Chaque squad savait ce qu’elle attaquait. Le client suivait l’avancement sans jargon technique. Résultat : plus d’autonomie, moins de ping-pong.”
— Thibaut, PO @Yield Studio
Conclusion — Un Epic, c’est un outil d’alignement. Pas un conteneur de tickets
Un Epic mal posé, c’est un backlog flou, des stories empilées sans cap, et une roadmap illisible.
Un Epic bien utilisé, c’est tout l’inverse :
- un objectif produit clair ;
- un découpage actionnable ;
- une visibilité partagée entre produit, dev et métier.
Chez Yield, on ne traite pas les Epics comme des étiquettes Jira. On les utilise pour piloter des morceaux de produit qui comptent vraiment : assez gros pour porter un impact, assez clairs pour être livrés sans chaos.
Ce qui compte ? Pas la taille. Pas la granularité. Mais la vision qu’il porte — et la capacité à la traduire en valeur concrète.
Besoin de clarifier vos Epics, structurer votre roadmap ou faire avancer un produit qui piétine ? Parlons-en. C’est exactement ce qu’on fait au quotidien chez Yield Studio.