“On recrute une squad en interne ou on passe par une boîte de dev ?”
C’est souvent l’un des premiers arbitrages d’un projet numérique. Et souvent… une décision prise trop vite, sur de mauvaises bases.
Le vrai problème ? Ce n’est pas le modèle choisi. C’est de poser la question sans poser le contexte. Maturité produit. Urgence du delivery. Budget. Complexité métier. Compétences dispo. Ce sont ces paramètres-là qui devraient driver le choix. Pas une préférence RH.
Parce que mal arbitrer ce sujet, ça coûte cher :
- Des recrutements prématurés, avec un produit encore flou.
- Une externalisation “clé en main” sans ownership technique.
- Des mois perdus à monter une équipe… au lieu de livrer vite, bien, utile.
Dans cet article, on vous partage une grille claire pour choisir intelligemment. Pas pour trancher une bonne fois pour toutes. Mais pour prendre la bonne décision, projet par projet.
Vous êtes concerné si…
Vous pilotez un produit digital sur-mesure (app métier, back-office, plateforme SaaS…) — et vous devez rapidement staffer une équipe tech sans vous planter. Que vous soyez fondateur non-tech, PM solo, ou CTO en sous-effectif, cette grille vous aide à arbitrer avec lucidité. Pas à l’instinct. Pas à l’aveugle.
Internaliser vs externaliser : posons le vrai sujet
Le mauvais débat, c’est : “On veut une équipe à nous, ou on file ça à des prestas ?”
Le bon, c’est : où en est le produit — et de quoi il a besoin maintenant ?
Parce qu’un projet early-stage sans périmètre clair, sans archi posée, sans backlog prêt… n’a pas besoin de recruter 4 devs CDI. Il a besoin de structurer vite, livrer une V1 utile, fiabiliser les fondamentaux.
À l’inverse, un produit en phase d’extension, avec une stack connue, une culture tech en place, et un flux de tickets bien rodé… peut tout à fait intégrer une équipe interne et stabiliser le delivery en continu.
👉 La bonne question, ce n’est donc pas “quel modèle on préfère”. C’est “quel modèle est le plus adapté à l’état du projet, ici et maintenant.”
Voici les 3 vrais enjeux derrière ce choix :
- Alignement avec la phase produit
Un prototype, un MVP, un produit post-V1… ça ne réclame pas la même équipe. Ni le même niveau de séniorité. Ni la même stabilité RH. - Capacité de delivery immédiate
Monter une équipe, ça prend du temps. Un studio senior, ça peut livrer en 10 jours. Si le produit a une deadline critique → il faut livrer, pas embaucher. - Vision long terme sur la tech
Externaliser ne veut pas dire “déléguer à vie”. L’enjeu, c’est d’avoir un modèle qui vous laisse le choix : garder, passer la main, hybrider. Pas d’être prisonnier d’une config bancale.
Les 5 critères concrets pour trancher intelligemment
Externaliser ou recruter en interne, ce n’est pas un choix idéologique. C’est une décision pragmatique — à condition de se poser les bonnes questions.
Voici les 5 critères à passer en revue avant de choisir un modèle.
1. Le niveau de maturité produit
Vous avez une vision claire du produit, des users, des parcours clés, et vous attaquez une phase d’itération / scale ? → Monter une équipe interne a du sens.
Mais si le produit est encore flou, qu’il reste des arbitrages critiques à faire (périmètre, stack, archi…), ou que vous n’avez jamais confronté votre vision au terrain : ne recrutez pas trop tôt.
⚠️ L’indice d’une équipe montée trop tôt : des devs qui “attendent des specs”, une vélocité en dents de scie, et un backlog rempli de tickets incertains.
2. L’urgence du delivery
Si vous devez sortir un MVP crédible en 3 mois, vous n’aurez pas le temps de recruter un lead dev, structurer un repo, poser la CI/CD et onboarder une équipe.
Dans ce cas, l’externalisation vous donne un coup d’avance. Vous embarquez une équipe prête, déjà alignée, avec des process rodés. Et vous gagnez 8 à 12 semaines de setup.
“Externaliser ne veut pas dire lâcher prise. Même avec une super équipe en face, il faut un PO embarqué côté client. Quelqu’un qui connaît le métier, pilote la roadmap, tranche les arbitrages. Sinon, ça code dans le vide. Et le produit déraille.”
— Clément, Lead Dev @Yield Studio
3. Les compétences déjà en interne
Vous avez déjà un CTO, un lead dev, ou une équipe produit solide ? Parfait. Dans ce cas, internaliser peut vous donner plus de contrôle et plus de continuité.
Mais si vous partez de zéro, il est dangereux de recruter une squad sans pilote. Même de très bons devs auront besoin d’un cadre, d’une vision, d’un ownership clair.
💡 Dans les phases d’amorçage, beaucoup de clients font appel à un studio pour poser les fondations… puis internalisent une fois le socle stable.
4. La visibilité budgétaire à 12 mois
Recruter en CDI, c’est un engagement long. Salaires, onboarding, charges… difficile de “freiner” si le projet pivote ou si la roadmap ralentit.
Externaliser permet plus de souplesse : vous adaptez la vélocité selon les enjeux (MVP, montée en charge, pause stratégique). C’est un coût plus élevé au sprint, mais une flexibilité précieuse quand la roadmap est encore mouvante.
👉 Posez-vous une seule question : “Suis-je certain de pouvoir staffer, piloter et occuper une équipe interne pendant 12 mois ?” Si la réponse est floue, temporisez.
5. La complexité du produit ou du métier
Certains produits nécessitent une immersion forte dans un contexte métier : flux complexes, rôles multiples, dépendances SI, enjeux de conformité… Là, une équipe interne peut monter en expertise plus durablement.
Mais sur des sujets très tech (stack moderne, delivery solide, scalabilité), peu de structures peuvent poser d’emblée les bons choix.
“Sur les produits structurants, mieux vaut poser les fondations avec une équipe senior, habituée aux démarrages complexes. L’internalisation peut venir ensuite — mais jamais en coup de vent. Il faut prévoir un vrai transfert : docs, rituels, montée en compétence progressive. Sinon, on hérite d’un produit qu’on ne maîtrise pas.”
— Thibaut, Product Owner @Yield Studio
Trois situations concrètes (et le bon modèle à chaque fois)
Avant de parler modèle, parlons contexte. Car la bonne organisation dépend toujours de là où vous en êtes vraiment. Pas sur une roadmap. Mais sur le terrain.
Lancement d’un MVP : vous partez de zéro, il faut livrer vite
Vous avez une idée claire. Un use case concret. Et il faut un produit testable dans 6 à 10 semaines — pas une maquette figée, pas un deck figé.
Dans ce cas-là, une équipe externe bien rôdée, avec un binôme Product/Tech intégré, fait souvent la différence.
Pourquoi ? Parce qu’en phase d’exploration, vous n’avez pas encore la matière pour recruter des devs en interne. Et que chaque semaine compte : cadrage, découpage, slicing, go prod.
💡 Ce qu’il faut : une équipe senior qui sait construire sur du flou — sans ajouter de complexité inutile. Pas 5 développeurs en recherche de specs.
Passage à l’échelle : le produit tourne, mais vous plafonnez
Vous avez vos premiers clients. Le produit fonctionne. Mais entre la scalabilité tech, les demandes terrain, la dette qui s’accumule… vous sentez que ça bloque.
Ici, l’idéal c’est une équipe cœur internalisée — enrichie ponctuellement d’experts externes pour prendre des chantiers critiques (perfs, refonte, nouvelle brique).
L’objectif n’est pas d’externaliser l’exécution, mais de fluidifier votre delivery. Et d’éviter que vos devs internes passent 6 mois sur une refonte API ou une migration front.
💡 Ce qu’il faut : du renfort ciblé, qui comprend votre code base, s’intègre vite, et livre sans casser l’existant.
Refonte d’un outil dans une grande entreprise : dette + complexité + politique
Vous avez un outil métier vieillissant, critique, maintenu depuis 7 ans par 3 devs. La dette est partout. Le besoin de refonte est clair… mais les décisions s’enlisent.
Là, ce n’est pas une question de bras. C’est une question de méthode et de gouvernance. Une externalisation “en commando”, avec une équipe aguerrie + un PO solide côté client, permet souvent de débloquer.
Pourquoi ? Parce que cette équipe ne subit pas l’inertie historique. Elle découpe, challenge, tranche. Et elle livre.
💡 Ce qu’il faut : un binôme externe qui pilote — pas juste une ESN qui attend des specs. Et un vrai sponsor interne pour faire avancer.
Le bon modèle ? Hybride, progressif — et ancré dans le réel
Pas besoin de choisir un camp pour la vie. Sur un projet sur-mesure, le plus efficace, c’est souvent le mix bien dosé : une équipe interne resserrée + une force externe qui exécute vite et bien.
Le cœur du setup :
- Une core team interne (PO, QA, lead dev) qui garde la vision et les clés.
- Une équipe externe qui pousse le delivery, sans faire exploser la charge RH.
Le deal, c’est : livrer vite, mais préparer l’atterrissage. Monter en compétence, documenter à fond, et transférer sans friction.
Ce qu’on voit marcher chez nos clients :
- Un ownership produit clair (pas deux PO qui se marchent dessus)
- Des rituels communs : daily, démos, rétros – même si tout le monde n’est pas dans le même Slack
- De la relecture croisée : personne ne push sans regard extérieur
- Un transfert organisé dès le Sprint 1 (doc, onboarding, repo clean)
Ce modèle, ce n’est pas un entre-deux mou. C’est un setup structuré, piloté, qui assume la montée en puissance et la transition.
👉 Et quand c’est bien fait, vous gagnez deux fois : un produit solide en prod, et une équipe interne prête à tenir la route.
Conclusion — Ne choisissez pas un modèle. Décidez selon votre contexte.
“Faut-il internaliser ou externaliser l’équipe tech ?” Mauvaise question.
La bonne, c’est : où en est votre produit, votre vision, votre capacité à livrer ?
Parce que le bon modèle ne dépend ni de la hype du moment, ni d’un dogme RH. Il dépend de votre réalité :
- Si vous devez livrer en 3 mois, recruter ne suffira pas.
- Si vous avez un produit complexe, externaliser à l’aveugle, c’est risqué.
- Si vous démarrez, mieux vaut s’adosser à une équipe qui tient la route — et construire en parallèle votre socle interne.
Chez Yield, on voit passer des dizaines de projets par an. Ceux qui avancent vite (et bien) ont un point commun : une organisation qui colle à leur rythme et à leurs enjeux. Pas à une mode.
👉 Prenez le temps de cadrer. D’arbitrer. De construire un modèle progressif, qui vous laisse à la fois livrer et grandir.
Pas besoin de trancher pour toujours. Juste de décider mieux, maintenant.