Externaliser ou internaliser son PM ? Pas une question RH. Une question de timing.
Le produit est lancé. L’équipe tourne. Et vient la question qui fâche : On recrute un Product Manager en interne… ou on missionne un PM externe ?
C’est rarement une décision rationnelle. Parfois, on cherche “quelqu’un à qui confier la roadmap”. Parfois, on temporise parce que “c’est un poste stratégique, on veut prendre le temps de bien recruter.”
Mais entre-temps, le produit stagne. Les devs attendent des specs. Les utilisateurs râlent. Et personne n’arbitre.
Chez Yield, on a accompagné plus de 100 produits sur-mesure. Et dans 80 % des cas, le mauvais timing produit → mauvais choix de staffing.
👉 Ce guide ne tranche pas “interne ou externe” une bonne fois pour toutes. Il vous aide à poser la bonne question au bon moment.
Internaliser ou externaliser : de quoi on parle (vraiment) ?
Un Product Manager en CDI, ce n’est pas la même chose qu’un PM en mission. Et ce n’est pas juste une question de contrat.
1️⃣ Internaliser, c’est recruter. Monter en compétence. Miser sur la durée. Le pari : construire une culture produit solide en interne. Mais ça prend du temps — souvent 3 à 6 mois pour un vrai ramp-up.
2️⃣ Externaliser, c’est aller chercher un profil expérimenté, dispo rapidement, pour tenir un rôle clé sur un temps court. L’objectif : débloquer une phase produit critique — sans alourdir l’organisation.
Et concrètement, on parle de qui ?
- PM : cadrage, delivery, arbitrages quotidiens.
- PO : pilotage backlog, interface métier/dev.
- PMM : positionnement, lancement, growth.
- PMOps : rituels, tooling, données produit.
Chez Yield, plus de 60 % des projets structurants qu’on reprend ont été amorcés par un PM freelance ou une équipe externe. Parce que dans les premiers mois, ce qu’il faut, c’est de la clarté, de la vélocité, et un cap.
👉 Ce n’est pas une opposition modèle “in” vs modèle “out”. C’est un arbitrage à faire en fonction du moment produit.
Les bons critères pour faire un choix clair
Il ne suffit pas de dire “on veut un PM”. Il faut poser le contexte produit. Car entre un freelance ultra-senior pour sortir un MVP en 2 mois et un PM interne pour structurer un run long terme, les besoins ne sont pas les mêmes.
Voici les 6 critères qu’on utilise pour cadrer intelligemment le besoin — et éviter un recrutement ou une mission à côté de la plaque :
Maturité produit
Idée floue ? Mieux vaut un PM externe expérimenté, capable de cadrer vite.
Produit en run ? Un PM interne peut s’inscrire dans la durée et consolider.
Urgence du projet
Besoin de livrer dans 6 semaines ? Recruter prend 3 à 6 mois (sourcing, entretiens, onboarding).
→ Dans 80 % des cas urgents, le modèle freelance est plus efficace au démarrage.
Capacité d’investissement
CDI = salaire + charges + onboarding.
Externe = TJM plus élevé, mais pas de ramp-up ni de charges fixes.
→ À court terme, l’externe coûte moins en délai ; à long terme, l’interne coûte moins en euros.
Complexité métier
Secteur ultra-spécifique (santé, finance, industrie) ?
→ Mieux vaut un PM interne qu’on monte en expertise.
Produit grand public, process digitaux, CRM ?
→ Un externe sénior fait souvent le job rapidement.
Enjeux d’équipe
Le produit est porté par un seul PM ?
→ Internaliser rapidement.
Déjà une squad en place ?
→ Un externe peut jouer le rôle de sparring partner ou de structurant temporaire.
Niveau de séniorité nécessaire
Besoin d’un PM d’expérience pour remettre un produit d’aplomb ?
→ L’externe est souvent plus qualifié immédiatement.
Besoin d’un bras armé pour dérouler une roadmap posée ?
→ Un PM mid-level en interne peut suffire.
💡 À retenir : le bon choix ne dépend pas d’un modèle “idéal”. Il dépend du moment produit, du niveau de clarté, et du temps qu’on a devant soi.
Les erreurs qu’on retrouve (encore) trop souvent
Ce n’est pas le modèle (interne ou externe) qui plante les projets. C’est un mauvais cadrage au départ. Voici les 4 erreurs qu’on voit encore — même sur des projets bien staffés :
❌ Un PM externe parachuté sans contexte
Résultat : des décisions à côté de la plaque, des users mal compris, une roadmap hors-sol.
Vu sur le terrain : un PM freelance très bon… mais à distance, sans accès aux utilisateurs finaux. Résultat : 2 mois de backlog à revoir entièrement.
❌ Un PM interne recruté trop tôt
On pose un CDI alors que le produit est encore en exploration. Le PM passe 6 mois à “remplir les cases” sans impact réel.
👉 Recruter un profil junior sans structure ni vision produit, c’est risquer l’isolement — et l’échec.
Retour d’XP – Le CDI posé trop tôt… dans le brouillard
“Sur un SaaS B2B en pleine exploration, le client avait recruté un PM interne à la hâte. Pas de vision claire, pas de delivery en cours.
Résultat : 4 mois de docs, d’ateliers, de specs — sans livrable.
Quand on est arrivé, on a basculé sur un PM externe 3j/semaine. En 2 sprints, la première feature utile était en prod.”
— Clara, Product Strategist chez Yield
❌ Un produit 100 % externalisé… sans pilote
Le “prestataire gère tout”. Sans PO côté client, sans relai produit interne.
Résultat : pas de transmission, pas d’ownership, et un produit qui meurt dès que la mission s’arrête.
❌ Le réflexe CDI par défaut
On veut recruter “un PM à nous” — mais on se contente de ce qu’on trouve. Trop junior, pas adapté au moment.
👉 Si le produit est complexe, le PM doit être solide dès le jour 1. Sinon, c’est de la dette produit.
💡 Conseil Yield : le problème n’est jamais “le freelance” ou “le CDI”. C’est de caler un profil sur une situation… sans cadrer la situation.
Trois situations concrètes pour choisir intelligemment
Pas besoin de théoriser à l’infini. Le bon modèle dépend du moment. Voici trois cas types qu’on croise souvent — et la réponse adaptée.
#1 Vous lancez un POC sous pression ?
→ Prenez un PM freelance expérimenté
Vous avez 2 mois pour tester un use case, livrer une V1, valider un marché ? Ce n’est pas le moment de recruter. Il vous faut un PM senior, autonome, capable de structurer et délivrer vite.
“On partait d’une idée claire, mais le périmètre produit était flou.
Yield nous a recommandé un PM externe, présent 3 jours par semaine.
En 6 semaines, on avait un positionnement validé, un backlog propre, et une équipe dev déjà en sprint.
Pas besoin de recruter dans le vide. Juste ce qu’il fallait pour lancer vite — et bien.”
— CEO d’une plateforme B2B en phase d’amorçage
#2 Vous refondez un produit existant, avec beaucoup d’usages terrain ?
→ Misez sur un PM interne senior
Ici, il faut embarquer les équipes, arbitrer avec les Ops, construire dans la durée. Un freelance peut amorcer… mais sans ownership long terme, ça coince.
👉 Un PM interne senior, avec de vraies soft skills, c’est un investissement clé.
#3 Votre produit est live, mais mal structuré ?
→ Mixez : un PM externe pour cadrer, puis un relais interne
Backlog flou, vision produit absente, besoin d’aligner la roadmap ? Calez un PM senior externe pour poser les bases. Puis recrutez un profil interne pour prendre le relai.
💡 Ce setup hybride permet de structurer sans perdre de temps — et d’internaliser au bon moment.
👉 Ces cas ne sont pas des dogmes. Ce sont des patterns. Ce qui compte, c’est d’aligner le profil sur le contexte. Pas l’inve
Le bon modèle ? Hybride, progressif, et aligné sur la réalité
Dans 80 % des projets qu’on accompagne, la meilleure solution n’est ni 100 % interne, ni 100 % externe. C’est un modèle hybride, évolutif — pensé pour le moment du produit.
👉 On ne choisit pas entre CDI et freelance. On compose une équipe qui tient la route, étape par étape.
Le schéma classique qui marche bien :
- Court terme : PM senior externe (freelance ou cabinet) pour cadrer vite, structurer le delivery, sécuriser les premiers sprints.
- Moyen terme : recrutement d’un profil interne (PM ou PO) qui monte en charge avec le soutien du PM externe.
- Long terme : passation fluide, documentation partagée, rituels bien en place → le relais est prêt.
Retour d’XP — Un passage de relai bien cadré
“Pour une plateforme logistique B2B, on a embarqué un PM freelance senior 3 jours par semaine.
Objectif : clarifier le périmètre, cadrer les users stories, lancer l’équipe tech.
En 8 semaines, la roadmap était alignée, le delivery enclenché, et un PO interne onboardé en douceur.
Deux mois plus tard, la passation était faite, le PM externe partait. Le produit avançait, sans trou d’air.”
— Thomas, Lead Product Manager chez Yield
✅ La checklist d’un modèle hybride bien posé :
- Ownership produit clair (un décideur côté client, même en externe)
- Rituels partagés : daily, revue de backlog, sprint review — pas d’équipe à deux vitesses
- Revue de specs et de roadmap co-construites, pas parachutées
- Passation cadrée : doc, pair working, transfert progressif
- Feedback continu : le modèle évolue avec le produit, pas l’inverse
❌ Ce qu’on évite :
- L’effet “prestataire qui part avec le savoir”
- Le CDI qui arrive sur une équipe chaos sans onboarding
- Le PM isolé sans relais interne ni pouvoir de décision
Conclusion — Le bon PM, c’est celui qui colle à votre moment produit
Externaliser ou internaliser son PM, ce n’est pas un choix idéologique. C’est un arbitrage contextuel. Produit jeune ou en run, budget dispo ou contraint, besoin d’itérer vite ou de structurer dans le temps : c’est ça, la vraie grille.
Ce qu’on voit trop souvent, c’est l’inverse :
- On recrute trop tôt, pour “poser quelqu’un”.
- Ou on externalise tout, sans pilote en interne.
Et au final ? Des décisions floues, une roadmap qui ne tient pas, et une équipe qui rame à exécuter sans cap clair.
Chez Yield, on l’a vu sur des dizaines de projets : le bon modèle, c’est souvent un mix. Un PM senior externe pour cadrer et livrer. Puis un relais interne pour durer. Pas besoin de choisir à vie. Juste de bien choisir… maintenant.
Prenez un pas de recul. Posez vos contraintes. Et alignez votre modèle produit sur la réalité du terrain.