Dix ans après sa sortie, React Native n’est plus l’alternative mal aimée du mobile. La stack a mûri : nouvelle architecture, performances quasi natives, intégration TypeScript, tooling stable.
Pourtant, la concurrence n’a jamais été aussi forte. Flutter 3 séduit les équipes design-driven, Kotlin Multiplatform attire les fans du 100 % natif, et SwiftUI continue d’élever la barre côté Apple.
👉 Beaucoup d’équipes hésitent. Faut-il rester sur React Native ou passer à autre chose ?
Chez Yield, on voit la question revenir à chaque cadrage d’application : santé, RH, mobilité… Et la réponse n’est plus idéologique : elle dépend du type de produit, de l’équipe, et de la trajectoire qu’on veut donner à l’app.
Dans cet article, on fait le point : ce qui a vraiment changé depuis 2020, les cas où React Native reste imbattable, ceux où il montre ses limites - et ce que ça dit de la façon de concevoir des apps en 2025.
React Native : ce qui a vraiment changé depuis 2020
En 2020, React Native traînait encore la réputation d’un framework “à ponts” : performant sur le papier, mais fragile en production. Les équipes parlaient de bridges instables, de perfs UI irrégulières, et d’un outillage pénible à maintenir.
Cinq ans plus tard, le tableau a radicalement changé.
Une nouvelle architecture au cœur du moteur
Avec Fabric, JSI et TurboModules, React Native a supprimé le bridge historique entre JavaScript et le code natif. En conséquence, une exécution plus directe, un rendu plus fluide, et une latence divisée par deux à trois selon les benchmarks (Callstack, Shopify).
Les devs parlent désormais de performances “near-native”, même sur des écrans complexes ou des interactions lourdes.
Une expérience développeur enfin cohérente
L’arrivée de TypeScript natif, du nouveau CLI, et des outils Expo/EAS a transformé la DX.
Moins de config, plus de fiabilité, CI/CD mobile intégré : les équipes livrent plus vite, avec moins de friction.
Un écosystème stabilisé
Les bibliothèques clés (navigation, gestures, storage) sont aujourd’hui maintenues par Meta ou des acteurs solides du secteur.
Les migrations vers les versions 0.74+ sont fluides, et la compatibilité avec les OS récents est quasi immédiate.
💡À retenir
React Native n’est plus un “hack” entre deux mondes. C’est une stack mature, solide, et capable de rivaliser avec les solutions natives - à condition d’être bien cadrée dès le départ.
React Native vs Flutter vs Kotlin Multiplatform : le match 2025
En 2025, choisir une stack mobile, ce n’est plus React Native ou natif. C’est un arbitrage entre vitesse, cohérence et scalabilité.
Trois approches dominent : React Native, Flutter, et Kotlin Multiplatform (KMP). Elles ont chacune leur logique… et leurs angles morts.
Performance & UX
Flutter garde l’avantage sur le rendu visuel. Son moteur graphique embarqué offre une UI parfaitement homogène entre Android et iOS, idéale pour les produits design-first (ex. fintech, apps créatives).
React Native, avec Fabric, a comblé 80 % de l’écart : animations fluides, transitions natives, moins de jank. Mais sur des apps très riches en graphismes ou avec des interactions temps réel, Flutter reste plus stable.
Kotlin Multiplatform, lui, joue la carte inverse : code métier partagé, mais UI 100 % native. Parfait pour les produits exigeants côté perfs, mais plus long à livrer.
Équipe & compétences
React Native tire son vrai avantage du JavaScript/TypeScript : on trouve des devs partout, l’écosystème est massif, et la passerelle web ↔ mobile est naturelle.
Flutter exige une montée en compétence sur Dart, un langage encore jeune et moins répandu.
KMP, très orienté Android, nécessite une équipe déjà familière avec Kotlin — et souvent doublée d’un binôme iOS pour l’UI.
Maintenance & long terme
React Native a l’inertie de l’écosystème web et la garantie de Meta derrière.
Flutter bénéficie du soutien fort de Google, mais pâtit parfois d’évolutions rapides et de ruptures de compatibilité.
KMP, plus jeune, séduit les profils craft mais reste plus coûteux à maintenir à deux OS.
💡 Chez Yield, on raisonne simple :
👉 React Native quand la vélocité et le go-to-market priment.
👉 Flutter quand l’UI est au centre de la valeur perçue.
👉 KMP quand la performance native est critique.
Ce qu’on voit sur le terrain chez Yield
Au-delà des benchmarks, les vrais enseignements viennent du terrain.
Chez Yield, on conçoit des produits web et mobiles sur mesure, et React Native reste souvent un excellent levier, non pas parce qu’il est hype, mais parce qu’il s’adapte aux contraintes réelles des projets : time-to-market, équipe réduite, besoin de cohérence entre web et mobile.
TKcare - Fusionner trois apps sans exploser la dette
TKcare, acteur majeur de l’intérim médical, nous a sollicités pour fusionner trois applications distinctes en une seule plateforme mobile. Trois interfaces, trois logiques, trois back-ends : un cas typique de fragmentation fonctionnelle.
React Native a permis de centraliser rapidement l’expérience utilisateur tout en gardant la compatibilité avec les briques existantes côté API et infra.
La nouvelle architecture, plus simple et plus lisible, a réduit le temps de maintenance et uniformisé les parcours.
“Le vrai enjeu, c’était de simplifier sans appauvrir. On a passé du temps avec les utilisateurs, testé des versions incomplètes, itéré sans relâche.
L’usage d’abord, la stack ensuite : c’est ce qui a permis de livrer un produit robuste et cohérent.”
— Sophie, Product Manager @ Yield Studio
Chronos - Itérer vite sur un produit en production
Chronos Jobs, plateforme RH dédiée à l’intérim, avait déjà une première version d’app au moment où Yield est intervenu. Notre rôle a été de reprendre la main sur le front mobile, enrichir l’outil collaborateur, et améliorer la fiabilité des échanges avec l’ERP métier.
Ici, React Native a joué son rôle d’outil d’itération continue : les cycles de dev courts, les mises à jour OTA et la gestion multiplateforme ont permis d’expérimenter vite, sans compromettre la qualité.
“Ce qu’on cherche, ce n’est pas la vélocité brute, mais la vélocité utile.
Sur Chronos, chaque cycle livrait une amélioration mesurable, pas juste des features. C’est cette régularité qui a ancré la confiance, autant côté client que côté utilisateurs.”
— Julien, Lead Dev @ Yield Studio
👉 Ces deux cas illustrent bien la maturité de React Native en 2025 : livrer vite, sans rogner sur la stabilité, et garder une stack assez souple pour absorber la croissance sans réécrire.
Les limites et signaux faibles de React Native
React Native n’est plus un framework à risques, mais il conserve des zones grises qu’il faut anticiper dès le cadrage. Les ignorer, c’est transformer un bon choix en dette cachée.
Des performances encore variables selon les cas
Pour 90 % des apps métiers (tableau de bord, portail client, CRM terrain), React Native offre une fluidité suffisante.
Mais sur des produits exigeants côté rendu, les écarts réapparaissent.
Exemples :
- Sur un projet retail avec catalogue 3D et zoom produit, les transitions perdaient jusqu’à 15 fps sur les appareils milieu de gamme.
- Même constat sur des flux temps réel type suivi logistique : dès qu’on dépasse 100 updates/s, la latence JavaScript redevient visible.
👉 Les équipes doivent alors maîtriser les optimisations : batching, re-rendering sélectif, gestion mémoire fine.
💡 Chez Yield, on pose une règle :
Si le rendu est un argument commercial, testez-le très tôt sur device réel - pas sur le simulateur.
Une dépendance à l’écosystème JavaScript
La force de React Native, c’est aussi sa fragilité. L’écosystème bouge vite : un package mal maintenu (ex. camera, PDF viewer) peut bloquer une montée de version iOS.
En 2024, plusieurs apps d’entreprise ont été figées trois semaines à cause d’une dépendance Expo non migrée.
👉 La parade : verrouiller les versions, automatiser les tests E2E, et intégrer la maintenance dans la roadmap, pas “plus tard”.
Des intégrations natives encore sensibles
Bluetooth médical, biométrie bancaire, lecture NFC… chaque SDK natif a ses caprices.
Sur un projet santé, l’intégration de la signature biométrique Apple / Android a nécessité un module natif maison, faute d’alternative fiable.
C’est un coût à prévoir dès le chiffrage, pas à découvrir en QA.
💡 En clair
React Native reste une excellente base, mais pas un raccourci. C’est un framework exigeant — à condition de l’utiliser avec méthode, pas par réflexe.
React Native demain
React Native a passé le cap de la stabilité. La question maintenant, c’est : tiendra-t-il sur la durée face à la fragmentation du mobile et à l’arrivée massive de l’IA embarquée ?
Vers une convergence web / desktop / mobile
La tendance est claire : React Native ne se limite plus aux smartphones. Avec React Native for Windows & macOS et Expo Web, on voit émerger des bases de code réellement multi-supports.
Sur certains produits internes (ex. dashboard métier + companion mobile), on partage aujourd’hui 70 à 80 % du code entre les plateformes. C’est un levier fort pour les SaaS B2B, qui veulent déployer une interface unifiée sans multiplier les stacks.
💡 Chez Yield, on l’a vu sur des outils RH hybrides : une seule base front pour le web, le mobile et les tablettes kiosques.
IA on-device et perfs hybrides
Les frameworks Apple Intelligence (iOS 18+) et Gemini Nano (Android 15) ouvrent la porte à l’IA locale. React Native s’y intègre déjà via des bridges vers CoreML et MLKit.
Un assistant embarqué qui résume une fiche mission, une recherche sémantique dans les messages, une vérification de photo avant envoi… tout ça devient faisable sans cloud, avec des latences < 500 ms.
Mais il faut une stack maîtrisée : gestion mémoire, threads JS isolés, et fallback cloud bien pensé.
Une maturité… mais aussi un plafond
React Native devrait rester une valeur sûre pour les 3 à 5 prochaines années, soutenu par Meta, Shopify et Microsoft.
Mais sa croissance ralentit : la logique “cross-platform JS” touche ses limites face aux architectures déclaratives 100 % natives.
👉 Les équipes devront apprendre à arbitrer entre livrer vite et investir dans la profondeur.
Conclusion - React Native : oui, mais pas pour tout
En 2025, React Native n’est plus le compromis : c’est un choix rationnel, à condition qu’il soit assumé.
Solide, stable, et soutenu par un écosystème mature, il reste la meilleure option pour livrer rapidement une app mobile cohérente, maintenable et performante - surtout quand le même produit vit sur web et mobile.
Mais ce n’est pas une solution universelle. Pour un produit ultra-graphique, natif hardware, ou dépendant d’une UX sur mesure, Flutter ou Swift/Kotlin restent des paris plus pertinents.
Le bon choix ne se fait plus par religion de stack, mais par trajectoire produit : cycle d’itération, budget, équipe, et horizon à 3 ans.
Chez Yield, on ne défend pas une techno : on défend des produits qui durent. Vous hésitez sur la bonne stack pour votre produit ? On peut auditer votre contexte et vous aider à faire un choix éclairé avant d’écrire la première ligne de code.
