Dans ce nouvel épisode de la série, James Hemery, fondateur de Yield Studio, reçoit Tony Gorez, développeur passionné au parcours atypique. Ensemble, ils évoquent le craft, le TDD, le freelancing, et la transition vers le développement natif bas niveau chez Postman.
Voici les temps forts de cette conversation passionnée.
Des débuts dans la musique au virage technique
Tony débute dans un tout autre univers : il se forme au métier d’ingénieur du son, baigne dans le milieu musical… jusqu’à se heurter à une réalité économique difficile. Rapidement, il entame un master en e-business, loin du développement logiciel. C’est au contact des équipes techniques de sa première startup qu’il découvre une passion pour le code. Il apprend seul, la nuit, après les films ou les week-ends entiers, à grand renfort de Codecademy et de projets personnels.
"Ma femme m’a offert une Playstation quand j’ai décroché mon premier job de dev. Elle ne se rendait pas compte du nombre de nuits que j’avais passées devant l’ordi."
Apprentissage et montée en compétences chez Payfit
Tony rejoint Payfit après un an et demi comme développeur Front. Le processus de recrutement est exigeant : live coding, entretiens d'architecture, tests algorithmiques. Il est confronté à des sujets pointus comme la programmation fonctionnelle, le TDD et les choix de design à grande échelle.
Chez Payfit, il travaille sur Jetl, une plateforme low-code destinée à écrire des règles de paie dans différents pays. Il découvre alors une culture partagée entre excellence algorithmique et dette technique peu assumée.
"On avait des morceaux de code que personne ne voulait toucher. Il y avait même des memes pour se marrer de certains fichiers ‘maudits’."
La quête de qualité : quand le craft devient un levier
Le vrai déclic autour du craft vient en partie grâce à une guilde qualité chez Payfit et à la lecture de livres comme TDD en C++. Il comprend peu à peu que la qualité logicielle dépasse largement les tests : c’est un levier de design, d’alignement produit-tech et de lisibilité métier.
Tony rappelle que le TDD ne se résume pas à écrire des tests en amont : il s’agit d’un processus de conception guidé par l’usage.
"Un jour, un gars du métier s’assied à côté de toi et comprend ton code… Là, tu sais que tu fais les choses bien."
Des recrutements marqués par l’Open Source
C’est grâce à ses contributions sur des projets comme Babel ou des librairies comme Clicks qu’il est repéré par Postman. Il enchaîne alors un nouveau processus de recrutement technique intense : system design, architecture de librairies, HTTP, JS, React... Il passe le tout en full TDD, fort de son expérience.
"J’avais préparé mon Jest, j’ai tout fait en TDD, le mec devenait fou. C’est là qu’ils m’ont fait une offre."
De la productivité développeur à l’ingénierie système
Initialement embauché chez Postman pour optimiser les temps de build, Tony finit par rejoindre l’équipe système. Il y travaille aujourd’hui sur Starship, un projet C++ ambitieux qui vise à remplacer Electron, en permettant de mélanger composants natifs et web dans une même application desktop.
Il partage aussi une vision lucide du craft : un outil puissant, mais à manier avec pragmatisme.
"Le craft, quand ça devient une religion, ça ne m’intéresse plus. Ce que je veux, c’est que les gens comprennent ce qu’ils font, sans dogme."
CDI ou freelance ? Un choix de contexte
Alors qu’il aurait pu tirer profit de son profil très visible pour faire du freelancing, Tony choisit le CDI chez Postman. Le sujet donne lieu à une discussion plus large avec James sur les modèles de carrière, la liberté réelle du freelancing, et la possibilité de s’épanouir en équipe avec du challenge technique.
"Ce que je cherche aujourd’hui, c’est de monter en compétences sur des sujets bas niveau. Le freelancing, ce sera peut-être pour plus tard, quand j’aurai une vraie expertise à vendre."