Dans ce 5e épisode du podcast Handzone, on plonge dans un débat passionnant : l’intelligence artificielle va-t-elle vraiment remplacer les développeurs ? Autour de la table : trois profils complémentaires, lucides et engagés.
🎙 Invités :
- Kajan Siva, développeur freelance et indie hacker, auteur de la newsletter Jedo sur les opportunités offertes par l’IA générative.
- Rudi Onfray, CTO chez CapCar, expert produit et tech.
- James, hôte du podcast et entrepreneur engagé dans les transformations numériques.
L'IA : assistant ou remplaçant ?
Rudi ouvre le bal : selon lui, l’IA actuelle ne remplace pas un développeur. Elle peut automatiser quelques tâches ou suggérer des bouts de code, mais reste limitée à des patterns connus. Ce n’est qu’un outil d’autocomplétion un peu plus sophistiqué.
“Écrire du code, c’est 5 à 10 % du job. Le reste, c’est de la conception, de la réflexion.”
Kajan abonde dans le même sens : on change de niveau d’abstraction, comme à chaque grande évolution technique. L’IA oblige à repenser les méthodes de travail, sans pour autant évincer le rôle de l’humain dans la prise de décision.
Développeur vs développeur augmenté
Peut-on désormais parler de “développeurs augmentés” ? Pour James, la vraie valeur d’un développeur réside dans sa capacité à résoudre des problèmes, pas dans le nombre de lignes de code générées.
“Le code est un langage. Ce n’est pas le métier en soi, c’est juste le support pour exprimer une solution.”
Selon Kajan, maîtriser les outils d’IA ne suffit pas pour prendre l’ascendant. Il faut savoir pourquoi et comment les utiliser. Il y a une différence entre connaître les outils et les intégrer intelligemment dans un processus produit global.
L’IA change-t-elle vraiment la donne aujourd’hui ?
Tous s’accordent à dire que l’impact de l’IA générative reste limité dans les tâches à forte valeur ajoutée. En revanche, elle ouvre la porte à de nouveaux profils (non-techs pouvant créer des produits simples) et à une automatisation de tâches jusqu’alors fastidieuses : génération de code, réponse automatisée à des requêtes simples, etc.
Rudi donne plusieurs exemples chez CapCar :
- Automatisation de l’estimation de prix (remplacement d’un poste humain répétitif).
- Floutage automatique de plaques.
- Retouche et détourage photo pour améliorer la présentation des véhicules.
Apprendre avec l’IA : danger ou opportunité ?
La discussion dérive naturellement sur l’usage de ChatGPT pour apprendre à coder. Problème : sans expertise préalable, on ne sait pas si ce qu’on lit est vrai.
James souligne un point : le problème existait déjà avec Google. L’IA ne fait qu’amplifier les risques, car elle se présente comme une autorité. Cajan nuance : ces outils sont utiles pour “découvrir l’inconnu inconnu”, ouvrir des pistes. Mais pour aller en profondeur, il faut un socle solide de connaissances.
Quel rôle dans les fonctions stratégiques ?
À la question “est-ce qu’un C-Level devrait savoir utiliser l’IA ?”, la réponse est claire : oui. Ne serait-ce que pour gagner en productivité ou automatiser certaines analyses simples. Des outils comme Dust permettent déjà d’extraire de l’information structurée à partir de bases internes.
Mais aucun invité n’imagine une IA prendre des décisions stratégiques à la place d’un humain :
“Une décision ne se prend pas qu’avec de la data. Il y a du ressenti, du timing, de l’intuition.”
L'IA dans le recrutement et l’éthique de l’automatisation
Sujet sensible : peut-on automatiser un recrutement de bout en bout avec une IA ?
James est catégorique : non. Le recrutement repose sur un ressenti humain, des échanges, une compréhension du potentiel d’une personne dans une équipe. En revanche, l’IA peut aider à pré-analyser des CV, détecter des signaux faibles ou alerter sur des points d’attention.
Rudi complète : dans des marchés très tendus (comme la tech), rien ne remplace un appel personnalisé pour convertir un bon profil. Mais dans des contextes à forte volumétrie, l’IA permet de filtrer intelligemment, pour gagner du temps.
IA et suppression d’emplois : jusqu’où aller ?
Dernier point abordé : faut-il remplacer un collaborateur humain si une IA devient plus rentable ?
James et Rudi adoptent une position équilibrée. Oui, une entreprise a des objectifs économiques. Mais non, cela ne doit pas se faire au détriment de l’accompagnement humain.
“Ce n’est pas remplacer pour remplacer. C’est : comment fait-on évoluer les rôles ?”
Pour conclure
La conclusion est limpide : l’IA ne remplace pas les développeurs, elle augmente celles et ceux qui savent s’en servir. Elle bouleverse certaines tâches, elle crée de nouvelles opportunités, mais ne remplace ni l’intuition, ni la créativité, ni la capacité à collaborer.